1/ Si tu devais donner 3 adjectifs pour te décrire lesquels ça serait ?
- Passionnée
- Sensible
- Engagée
2/ Quelles sont tes autres passions ? Qui es-tu en dehors de votre statut d’auteure ?
Mes autres passions sont la psychologie et la connaissance de soi, ce qui explique sans doute pourquoi j’écris de la romance. ;-) J’adore explorer les émotions humaines.
En dehors de mon statut d’auteure, je suis géographe/historienne, blogueuse et rédactrice web.
3/ Depuis quand écris-tu et à ce jour combien de roman as-tu publié ?
J’écris des histoires depuis l’âge de dix ans environ. J’ai publié à ce jour 8 livres : 6 romans jeunesse et 2 romances historiques. C’est moins que d’autres auteur.e.s auto-édité.e.s car mes 7 premiers romans ont été publiés par des maisons d’édition traditionnelles avec lesquelles les délais de parution sont très longs (de 1 à 2 ans entre l’envoi du manuscrit et la sortie en librairie). Dans l’édition traditionnelle, il n’est pas possible de sortir des livres à un rythme aussi rapide qu’en auto-édition.
4/ Quelle définition donnes-tu au mot, métier « écrivain » ?
Avant, j’avais une définition élitiste de ce métier que j’avais héritée des grands maisons d’édition parisiennes. Je pensais qu’un écrivain était un auteur qui « écrivait bien » et était publié par une maison d’édition à compte d’éditeur. J’avais une éditrice qui prétendait même qu’il y avait d’un côté les « écrivains » - les vrais, qui savent écrire - et de l’autre, les « auteur.e.s » (ou écrivaillons, quoi) !
Aujourd’hui, ma vision est plus large : on est écrivain quand on écrit, c’est tout. :-) Tout comme un boulanger est la personne qui fait du pain. Il ne nous viendrait pas à l’idée de lui dire qu’il n’est pas un vrai boulanger sous prétexte que son pain n’est pas à notre goût.
Pour moi, il ne devrait pas y avoir de notion de validation extérieure ou de qualité dans la définition de qui est écrivain et qui ne l’est pas. Le « bien écrire » est subjectif et les critères de qualité ne seront pas les mêmes selon qu’on interroge une jeune fille de 14 ans ou un vieil académicien de 70 ans, alors qui a raison ? Pas forcément les gens qui attribuent les prix littéraires parisiens à mon avis, mais c’est un autre sujet. :-)
5/ A partir de quand t’es-tu sentie auteure ?
Peut-être la première fois qu’une maison d’édition a accepté de me publier, car j’avais à l’époque une vision du métier d’écrivain restrictive et un énorme syndrome de l’imposteur. :-)
6/ Quand on te demande ce que tu fais dans la vie, qu’est-ce que tu répondes ? Est-ce que tu te considères comme auteure ? Et si oui es-tu fière de te considérer comme telle ?
Cela dépend de l’interlocuteur, mais je réponds souvent rédactrice parce que si je répondais écrivain, la personne à qui je m’adresse risquerait de me demander : « Mais tu en vis ? C’est pas un métier, écrivain... » et j’avoue que dévoiler mes revenus quand je rencontre quelqu’un ne m’enchante pas. Avec la réponse « rédactrice » qui est proche d’écrivain mais correspond à un poste jugé rémunérateur, je suis tranquille. :-) En effet, les écrivains publics et les rédacteurs web gagnent plus facilement leur vie que les auteur.e.s (ce qui est triste, je le concède).
7/ Quel a été le déclencheur pour te lancer dans le monde de l’auto-édition ? Pourquoi ce choix ?
Avant, je ne m’estimais pas capable d’effectuer le travail – titanesque – d’un éditeur. Mais ces deux dernières années, j’ai vu de plus en plus d’auteur.e.s s’auto-éditer avec succès, et leurs exemples m’ont inspirée. J’ai donc décidé de me former en marketing et dans les compétences nécessaires pour éditer un livre. En 2023, après plusieurs mois, je me suis sentie prête à me lancer ! Le déclencheur a donc été de voir ces auteur.e.s inspirant.e.s et doué.e.s.
J’ai fait ce choix parce que je connaissais déjà l’édition traditionnelle et j’étais frustrée par certaines de ses limites comme les délais de publication très longs. J’étais également attirée par la liberté créative qu’offre l’autoédition. J’adore l’idée de pouvoir choisir mes couvertures, mes collaborateurs, les titres de mes romans, etc. 8/ Vis-tu de l’auto-édition ? Si non, aimerais-tu pouvoir le faire ?
J’ai publié mon premier roman en auto-édition il y a à peine 1 mois, et malheureusement non, je n’ai pas la success story de Jupiter Phaeton qui y est parvenue du jour au lendemain, mais dans quelques mois, qui sait, haha ? Soyons fous ! :-)
J’ai entendu dire par une formatrice qu’il fallait environ 2 ans pour qu’une romancière vive de sa plume en suivant une méthode éprouvée, parfois un peu plus ou un peu moins, selon le sous-genre et le nombre de titres publiés (mathématiquement, il est plus facile de dégager un salaire quand on a 10 ou 20 livres publiés plutôt qu’un ou deux).
Cependant, j’apprends tous les jours, je progresse, et le chemin me plaît beaucoup. Je sens que je suis sur la bonne voie. Les retours des gens qui me lisent sont très positifs et encourageants.
En fait, je n’ai pas envie de me donner comme objectif strict de vivre de ma plume parce que ce serait me mettre beaucoup de pression, ce qui n’est jamais bon pour ma santé mentale et ma créativité, mais oui, si je peux générer des revenus intéressants grâce à mes livres, je ne cracherai pas dessus. :-) Un de mes rêves serait de pouvoir soutenir et aider financièrement d’autres auteur.e.s sur leurs projets, à la manière d’un mécène.
9/ Des projets d’écriture en tête ?
Oui, j’en ai beaucoup ! (trop, par rapport au temps dont je dispose pour écrire) En historique, je suis en train d’écrire une romance en kilt avec des Highlanders, et le projet suivant mettra en scène un Viking badass mais romantique. :-)
J’écris aussi des romans jeunesse sous un autre nom de plume, j’ai quelques projets prévus en fantasy et en polar pour les jeunes. Enfin, étant une lectrice et autrice multi-passionnée, je ne m’interdis pas d’écrire aussi de la romance contemporaine un jour, mais je priorise les rom
10/ Dans quelles ambiances préfères-tu écrire (lieu, musique, boisson, jour ou nuit ?) ? As-tu des habitudes ou rituels lorsque tu écris ?
J’adore l’idée d’écrire dans un café, un parc ou un joli lieu, mais je me suis rendue compte que ce qui me convenait le mieux, c’était le silence absolu, donc chez moi, dans ma chambre (une chambre d’hôtel marche bien aussi). Je n’ai pas de rituel précis de type « boire un thé, allumer une bougie... », mais j’écris tous les matins, à la même heure, et au même endroit sauf si je suis en vacances, donc j’imagine que c’est une sorte de rituel malgré tout.
11/ Est-ce que tu t’organises pour écrire ? Si oui comment ? (plan, cahiers,...)
Je suis ce qu’on appelle une autrice jardinière ou intuitive. Je sais produire des plans et des synopsis détaillés, surtout quand je travaille sur un projet pour un éditeur qui a besoin de ce type de documents pour savoir où je vais. Mais en réalité, je n’aime pas tout planifier au détail près, remplir des tas de fiches, etc. Je préfère connaître uniquement les grandes lignes du roman et me laisser porter et surprendre par mon récit (les Anglo-Saxons appellent ça un « Discovery Writer », qui s’épanouit en découvrant son histoire tout en l’écrivant).
Je fais tout sur ordinateur, parce que je trouve ça plus pratique pour avoir tout au même endroit. Je ne suis pas trop papier pour l’organisation. D’ailleurs, j’ai pleins de jolis carnets d’écriture que je n’ai jamais remplis (ils sont trop beaux pour ça lol).
Mais il paraît que travailler avec des cahiers, des classeurs, des post-its, etc. est super parce que ça implique d’utiliser sa main et a de nombreuses vertus cognitives. Ce n’est pas comme taper sur un clavier. Donc les auteur.e.s qui aiment ça devraient continuer !
12/ Qu’est-ce qui provoque ton imagination pour écrire ?
A priori tout ce qui m’arrive dans ma vie, mais principalement la lecture de romans, le visionnage de séries et de films, la musique (comme des paroles de chansons), des événements du quotidien, des discussions que j’ai avec des gens…
13/ Y a-t-il un livre ou personnage que tu as préféré écrire ?
En romance, ce serait mon dernier livre, Mon duc sauvage, car le thème de l’homme sauvage confronté à la civilisation me fascine. C’est un héros alpha dans toute sa splendeur et un superbe bookboyfriend haha. :-)
Mais j’adore aussi les personnages de mon autre série, dont le premier tome Black Lady est sorti : l’héroïne Dido me ressemblant beaucoup, c’était un plaisir de la mettre en scène, et son acolyte Elizabeth est très différente de moi, mais je me suis régalée à écrire cette jeune femme espiègle et intrépide, pour changer.
14/ Un.e ou des auteur.e.s auto-édité.e.s à nous conseiller ?
Il y en a tellement, et je vais vous épargner les sempiternels exemples de Jupiter Phaeton ou Blandine P. Martin que tout le monde connaît, pour citer plutôt une autrice que je trouve très inspirante et qui pourrait être un modèle à suivre ! C’est Shay Carrot. Depuis 2020, elle écrit avec régularité et consistance des romans dans un seul sous-genre : la Dark Romance (contemporaine et fantastique). C’est une stratégie recommandée pour réussir sur Amazon, n’écrire que dans un seul genre littéraire, et le faire avec une bonne fréquence. D’après certains coachs et experts, publier 4 romans par an est un minimum pour réussir dans l’auto-édition sur Internet.
Shay Carrot est l’une des pionnières françaises sur ce marché, elle écrit des romans d’une noirceur extrême mais qui ont trouvé leur public ! Bref, à découvrir si vous ne la connaissez pas, tant pour son exemplarité en matière de succès, que pour sa créativité et son originalité littéraire. À réserver à un lectorat averti toutefois (plus de 18 ans car il y a beaucoup de trigger warnings).
15/ Aurais-tu un conseil pour ceux qui désireraient se lancer dans l’écriture et plus particulièrement dans l’auto-édition ?
Se former en continu à l’écriture et au marketing du livre. Maîtriser l’art d’écrire est utile pour produire d’excellents romans (aucun auteur ne peut se targuer d’être « arrivé »). Avant que je me forme, mes éditeurs et mes lecteurs me disaient que j’écrivais déjà très bien, mais en apprenant certaines techniques, j’ai encore progressé, donc je ne compte pas m’arrêter.
Connaître le marketing et se former à l’entrepreneuriat est nécessaire pour pouvoir vendre sur Amazon et sur Internet en général. Si vous manquez de budget pour vous former, sachez qu’il y a du bon contenu gratuit sur YouTube, en français mais surtout en anglais (les Anglophones étant plus avancés que nous dans ces domaines).
Et enfin : persévérer. Rares sont les succès qui arrivent du jour au lendemain, dès le premier livre. Le succès peut arriver au bout du 5e ou du 10e livre, mais pour ça, il ne faut pas avoir arrêté avant.
16/ Petite question… tu dis auteure ou autrice ?
Les deux, en fonction de mon humeur ! :-) (le Larousse admettant les deux termes)
Néanmoins, le plus souvent, je dis autrice, comme le recommandent le Petit Robert et l’Académie française, pourtant rétive à la féminisation des noms de métiers (on se demande pourquoi^^).
17/ Si tu as déjà écrit à plusieurs mains qu’est-ce que tu en penses après l’avoir expérimenté ? Sinon aimerais-tu écrire à plusieurs mains un jour ?
Je ne l’ai jamais fait car l’occasion ne s’est pas présentée, mais un jour, pourquoi pas ? J’aurais juste peur que ça me mette plus de pression pour terminer de rédiger ma partie et que ça entrave ma liberté créative...
Excellent interview. C'est vrai qu' il faut toujours apprendre même si on a un talent pour écrire. Être un peu polyvalent, comment transformer ton talent pour en faire une entreprise qui peut générer de l' argent par exemple. Je vois ça avec une aquarelliste qui a bien décollé et s' est mise maintenant à proposer des cours pour vivre de ses créations. Bonne continuation et bonne persévérance