Mon site est dédié à l’auto-édition et je pense donc qu’il est important que je définisse ces termes. Certains sont arrivés sur mon site via mon compte bookstagram, d’autres en tapant auto-édition comme mot-clé sur leur moteur de recherche, soit en sachant ce que c’est, soit en voulant découvrir ce que c’est. Je vais donc expliquer ce qu’est l’auto-édition en parlant de sa légitimation et de sa place dans la chaine du livre.
La définition de l’auto-édition
Un ouvrage auto-édité est un ouvrage dont l’auteur se publie sans passer par une maison d’édition (à compte d’éditeur ou d’auteur). La maison d’édition traditionnelle, à compte d’éditeur, dans le secteur du livre et de l’édition est considérée comme faisant partie du processus de légitimation d’un livre, comme un passage donc obligatoire pour mieux et bien vendre son livre, c’est un prescripteur (quelqu’un qui fait autorité dans un sujet, va influencer celui qui l’écoute). Un auteur qui ne passe pas par cette instance de légitimation est encore souvent considéré comme un « mauvais auteur » car il n’a pas été approuvé par un éditeur.
Le processus de légitimation
Le processus de légitimation est un processus lent qui fait intervenir des institutions de consécration. Ses différentes étapes ancrent un objet culturel dans une place symbolique et légitime socialement parlant pour qu’il reçoive une valeur symbolique.
Les étapes sont donc :
Instance de reconnaissance interne (critiques, fans…) -> réseaux sociaux littéraires qui promeuvent les livres auto-édités.
Reconnaissance médiatique, les médias commencent à en parler quand ils remarquent leur importance, étonnement et regard négatif, il y a beaucoup d’hostilité au début mais cette hostilité est aussi une forme de reconnaissance -> articles dans des gazettes locales, dans des magazines.
Hostilité générale par le grand public -> critique par rapport au canon littéraire (livres qu’on lit à l’école) de personnes ayant une certaine légitimité.
Reconnaissance de l’objet culturel par des instances traditionnelles (écoles, universités, médias traditionnels) et reconnu comme important dans la culture commune, observation car dit comme digne d’intérêt -> des cours, des conférences sur l’auto-édition…
Instance de reconnaissance externe : festival, exposition… (pour la BD par exemple le festival d’Angoulême) -> commence à être accepté dans des salons livresques.
Création d’une valeur symbolique et d’une identité à part entière avec des codes et la marginalisation de ce qui en diffère.
L’auto-édition n’a donc pas encore une totale légitimation mais personnellement j’espère et je suis certaine qu’un jour elle va l’acquérir.
Dans les études que je poursuis on a eu une partie d’un cours dédié à l’auto-édition et une conférence nous a été également proposée en faisant venir des jeunes autrices auto-éditées. L’une des deux autrices avait eu son master dans l’université où je suis et avait fait son mémoire sur l’auto-édition. J’estime donc que c’est une grande avancée et que si toutes les écoles et études littéraires s’y mettaient, l’auto-édition gagnerait beaucoup de terrain.
L’auto-édition dans la chaine du livre
Outre cette légitimation où se place l’auto-édition dans la fameuse chaine du livre ?
La chaine du livre s’est installée depuis maintenant plusieurs années, depuis qu’il y a une distinction entre les différents secteurs du livre. Dans cette chaine, l’auteur gagne entre 7% (pour leur premier livre édité) et 12% du prix du livre (s’il a une certaine renommée). C’est donc très peu, mais il y a beaucoup de personnes qui travaillent dans cette chaine, qu’il est important aussi de rémunérer. Le plus gros pourcentage va au libraire qui bénéficie d’une remise « généralement comprise entre 25 % et 40 % du prix de vente public du livre »[1] pour avoir une marge et pouvoir se rémunérer.
L’auto-édition prend donc la place de l’auteur, de l’éditeur et du libraire puisque les ¾ des auteurs auto-édités ne sont pas accessibles en librairie. Pour être accessible en librairie, il faut faire certaines démarches : soit aller directement parler avec les libraires soit faire certaines démarches de distribution (accessible en commande) et de diffusion (accessible sur les rayons). C’est pour cela que la plupart des auteurs auto-édités sont vendus seulement sur Amazon (qui prend un petit pourcentage). Certains ont des sites pour proposer la dédicace en plus et avoir un meilleur revenu.
Cependant l’auteur auto-édité a toujours la distribution et la fabrication qui compte dans la chaine du livre, il doit payer certaines taxes/impôts (cotisations sociales, impôts sur le revenu, IRCEC…) car il nécessaire d’avoir le statut d’artiste-auteur ou micro-entreprise ou de SASU, si le chiffre d’affaires est bon, pour vendre légalement.
Ainsi, l’auto-édition, qui est le fait de vendre son livre sans passer par un éditeur, commence à acquérir une certaine légitimation et à une chaine du livre qui lui permet d’avoir un peu plus de revenus (avec plein de paperasse). C’est ce qui la rend à la fois attirante pour certains auteurs et qui lui donne aussi cette réputation de « mauvais livres ».
Mes ressources (que je vous conseille d’aller voir) :
- Mes cours à l’université d’UNIMES en Licence 1 Lettres Modernes Appliquées (selon moi ils sont légitimes)
- « Vente de livres : prix de vente, droit de retour, label » article du site officiel d’information pour les entreprises, https://entreprendre.service-public.fr/vosdroits/F22713
- « Faut-il avoir son livre disponible en librairie », podcast le café des auteurs indépendants de Jupiter Phaton : https://open.spotify.com/show/56H7CcChNXrxz5JpuSvuDy
- « Pourquoi j’ai ouvert une maison d’édition », podcast le café des auteurs indépendants de Jupiter Phaton : https://open.spotify.com/show/56H7CcChNXrxz5JpuSvuDy
Ressources intéressantes sur ce que j’ai évoqué :
- « Artiste-auteur : déclaration d'activité », article du site officiel d’information pour les entreprises, https://entreprendre.service-public.fr/vosdroits/F22388
- « Artiste-auteur : fiscalité (déclaration de revenus, TVA et CFE) », article du site officiel d’information pour les entreprises, https://entreprendre.service-public.fr/vosdroits/F36428
- « Comment devenir micro-entrepreneur ? », article du site officiel d’information pour les entreprises, https://entreprendre.service-public.fr/vosdroits/F23961
- « La société par action simplifiée unipersonnelle (SASU), des démarches facilitées », article sur le site économie.gouv, https://www.economie.gouv.fr/entreprises/societe-par-actions-simplifiee-unipersonnelle-sasu#
- « Tout ce qu'il faut savoir sur la fiscalité d'une société par action simplifiée unipersonnelle (SASU) », article du site officiel d’information pour les entreprises, https://entreprendre.service-public.fr/vosdroits/F36215
- « Régime fiscal et social de la micro-entreprise », article du site officiel d’information pour les entreprises, https://entreprendre.service-public.fr/vosdroits/F23267
- Site de l’IRCEC (caisse nationale de retraite complémentaire des artistes-auteurs) : https://www.ircec.fr
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